Qualiopi et l'empowerment
Je comprends qu’avec des intentions précises il est possible de danser en prenant soin de soi et que danser peut être l’occasion de se reconstruire, de se réapproprier un corps différent et fragilisé.
Je rencontre ensuite Pauline Higgins, sage-femme anthropologue, et créé avec elle une première journée de réflexion et de pratique sur l’anatomie de la femme et du périnée dans le mouvement. Nous avons le désir de fabriquer un cadre où faire se rencontrer les connaissances des sages-femmes, des danseuses, des kinésithérapeutes, des psychométriciennes…
Aujourd’hui, je transmets des formations avec le souhait de partager les connaissances, dans un véritable soucis d’empowerment, pour rendre chaque femme, au travers du professionnel qui l’accompagne, un peu plus compétente dans les connaissances qu’elle a d’elle même. Il y a du mouvement dans le contenu même de ce que je propose.
Effectivement, je ne transmets pas une méthode figée mais des outils qui évoluent et s’adaptent aux demandes spécifiques du terrain de chaque professionnel.
Le 27 juillet 2022, j’obtiens la certification Qualiopi ce qui permet la prise en charge des formations que je propose par les organismes de financement. Même si la normativité ne va pas avec mon soucis de cercle et d’égalité, j’entreprends cette démarche pour aller à la rencontre du plus grand nombre, professionnels du mouvement et de la santé.
En 2019, je convie six danseuses, la sage-femme Pauline Higgins et l’autrice Laurence Verdier, pour une journée de réflexion sur la danse et la maternité au Centre National de la Danse. De cette rencontre naitra une recherche fondamentale sur le corps et le mouvement, exposée le 1er février 2022 au CN D. Pauline et moi rédigerons les fiches pratiques : Poursuivre sa pratique pendant la grossesse et Reprendre la pratique en post-partum qui n’existaient pas juqu’alors. Cyrielle Lefebvre, architecte et championne de France de Viet Vo Dao, en fait les illustrations.
Nous y démontrons que les danseuses n’accouchent pas plus mal que les autres femmes. De nombreux a priori circulent causant des doutes tant sur l’issue des maternités des danseuses que sur leur capacité à bien accoucher. La danse est au contraire favorable au bon déroulement de la grossesse si elle est pratiquée pour favoriser la conscience de soi, le lâcher-prise et l’intention du donner naissance.
Je préfère parler de la méthode Danse&Naissance plutôt que de danse prénatale.
Parce que la danse, comme expérience mettant en jeu le corps, le temps et l’espace, me parait être bénéfique à toute la période de la périnatalité. La femme peut danser pour accueillir l’embryon, accompagner le corps qui change, traverser les contractions et les aider à faire leur travail au moment de l’accouchement, reprendre conscience du corps encore différent dans le post-partum. L’objectif n’est pas uniquement de se faire du bien, mais de proposer au corps des postures et des gestes vertueux qui aident à la physiologie et qui permettent de « cheminer vers le devenir mère », comme dit la sage-femme et danseuse Maud Bonfils rencontrée à la maternité de Grenoble.
Lors de notre recherche nous avons réalisé, avec les échographistes Linda Valette et Mickael Fortin, des vidéos d’échographies en mouvement avec des danseuses enceintes.
Quels étaient nos objectifs ?
Nous avions le souhait de visualiser les effets du mouvement de la mère sur le bébé in utéro. Nous avons pu constater que certains mouvements, créant de l’espace, permettaient le dodelinement de la tête du foetus ou son changement d’orientation. Certains mouvements invitaient même le bébé à modifier sa présentation. Ces vidéos m’ont permis d’élaborer avec encore plus de précision les outils à transmettre à celles et ceux qui suivent mes formations.
Le regard du Cygne est un magnifique espace de spectacle et de pratique du 20ème arrondissement de Paris. C’est Zoé Salmon, qui gère ce lieu avec douceur et détermination. Je suis heureuse d’y présenter, le samedi 19 novembre 2022 et le mercredi 8 mars 2023, mes premières conférences gesticulées issues de toutes ces recherches et des rencontres merveilleuses.
Je présenterai également mon documentaire Paroles de danseuses et mots de sages-femmes, des bords de plateau avec lectures de textes fondamentaux et engagés, des performances participatives pour partager avec vous cette gestuelle de l’empuissancement et de la liberté d’agir.
Alors merci Pauline, Erwan, Clara, Linda, Mickael, Laurence, Nawel, Alexandra, Laetitia, Delphine, Aurore, Karine, Maud, Laurelene, Léa, Zoie, Cindy, Natacha, Estelle, Christine, Claire, Cyrielle, Zoé et toutes celles et ceux qui m’ont permis d’ouvrir les yeux sur ce que la danse fait naitre dans le corps…
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